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 Barre des 200

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5 participants
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Cyril49

Cyril49


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Date d'inscription : 24/07/2014
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MessageSujet: Barre des 200   Barre des 200 EmptyLun 8 Aoû 2022 - 22:03

Hello.

C'est un peu long, mais quand on s'embête en l'air pendant de longues heures, on a le temps d'écrire (bon, en fait, c'est faux, on n'a pas le temps de s'embêter)!



Lundi 01/08/2022


Je suis déçu de ma performance de la veille. Faut dire que pour ma 4ème manche de compet, le samedi, la 1ère en Elite, j'ai pas mal gazé, même si quelques erreurs me coutent quelques places. 28ème, c'est déjà pas si mal, surtout quand on considère le nombre de guns inscrits, avec pas mal de pilotes qui ont fait les championnats de France, ou des coupes de monde. Le dimanche, je me suis donc raté lamentablement, alors que c'était une belle manche. Un jour sans, des mauvais choix m'ont posé bien plus tôt que prévu. Je n’ai pas été bon, dimanche.

Bref, lundi matin, je suis encore un peu fatigué, mais comme c'est une grosse journée côté météo, je retourne au turbin. Bon, c'est peut-être pas le bon terme : je retourne me faire plaisir Wink

J'en rêve depuis longtemps : traverser la Savoyarde, pour rejoindre la Chartreuse depuis les Bauges (et dans l'autre sens aussi), mais je n'ai jamais eu les conditions me le permettant. Comme il y a ce jour de très beaux plafs, une bonne instabilité, mais un peu de vent de NO, jusqu'à 15 km/h, je planifie mon parcours en conséquence. Je suis avec Olivier, un copain avec qui je vole régulièrement. Je l'encourage à faire le tour des Bauges, en lui expliquant par où passer. C'est un super objectif pour lui. Au déco de La Sambuy, on retrouve également Thomas, avec sa Rush 5, à qui j'explique ce que j'ai prévu, et plus si affinité (c'est-à-dire les Aravis).

Déco 12h15. Il y a déjà des voiles très hautes depuis un moment. On est un peu en retard. Olivier est déjà bien monté. Je fais le plaf vers 2700 au pic de la Sambuy. J'attends un peu Thomas pour être sûr que tout se passe bien pour lui. Allez, go! Direction la Dent de l'Arclusaz. Je chevauche la crête Est des Bauges, bien au-delà des 300 m/sol réglementaires. Nouveau plein à l'Arclusaz. Olivier a ralenti mais reste bien placé. Thomas suit le rythme, avec 1 thermique de retard. Petit thermique au Mont Pelat vers lequel j'ai transité. Thomas me suit. J'ai perdu de vue Olivier.

J'arrive à la Galopaz. Je ne suis pas très haut (mais pas en perdition) à 2000. Je cherche un moment le bon thermique, sans le trouver. Au pic de la Sauge, pas mieux. Je reviens sur mes pas à la Galop'. Ça m'agace un peu car je perds du temps bêtement. Je ne vois plus Thomas : il a préféré ne pas me suivre, trouvant mon projet trop ambitieux. Il fera un énorme vol le concernant, avec un triangle de 116 km entre les Bauges et les Aravis (son record précédent était d'environ 70 km, donc sa progression est fulgurante!). Il vous le racontera s'il est de bonne humeur ;-) J'abandonne presque l'idée d'aller en Chartreuse, surtout qu'on voit peu de cums comparé aux Bauges. Je trouve finalement ce que je cherche au Grand Roc, dans la direction opposée à la Chartreuse! Je fais un plaf à 3000 : ça change tout, surtout que la Chartreuse est en train de s'allumer. 2h que je vole. Curieux, je ne vois pas vraiment de voiles en l'air. J'en croiserai d'ailleurs peu durant mon vol, alors que les conditions en l'air sont bonnes. Heureusement, je serai souvent accompagné par les planeurs. Direction le Sud de la France ;-) Un voile nuageux au NO d'Annecy m'inquiète un peu pour la suite car il va finir par nous rattraper et tout éteindre. Bon, il est encore loin. Je survole la Galop', le pic de la Sauge, puis les derniers petits reliefs avant Chambéry, vers Chignin. Problème, j'ai perdu beaucoup et je suis à 2100 pour commencer la longue transition. Mais je me lance, pour ne pas regretter de ne pas avoir tenté. Ça dégueule pas mal. Beaucoup même par moment.

Je raccroche vraiment très bas à 850m d'altitude sur les tous petits avant-reliefs! J'ai chaud, très chaud en cette période estivale. Je trouve une bulle à laquelle je m'accroche. 1100m d'altitude. Mais ça s'arrête. Je suis déjà un peu mieux. Mais toujours aussi chaud. Je m'avance vers le petit relief suivant et bingo, je remonte de 1000 à 2100m. Me voilà sur la crête du haut du Granier, côté Est, et je suis content de retrouver un peu de fraicheur. 2h30 de vol. Maintenant, c'est tout droit : ça monte facile, même s'il faut tenir la voile et temporiser les abattées aux arrières. Musclé, mais ça reste sain. Je ne fais pas un virage pratiquement jusqu'à la Dent de Crolles. Un petit peu avant, je trouve quand même un +4,5 que je ne peux quand même pas me permettre de laisser passer. Altitude 2550m, plus haut que la Dent. Je trace ma route, poussé par le vent, accéléré au 1er voire 2ème barreau car je sais que ça tiendra en cheminement : pas besoin d'être aux freins, sauf sur quelques petits passages quand ma voile butte sur un thermique ou que c'est un peu trop turbulent. Poussé par le NO, je ne traine pas en route : 17' pour faire la Dent de Crolle-Saint-Eynard, aux abords de Grenoble, 50' pour aller du Nord au Sud du massif! A peine le temps de "profiter" du Synchrotron (la vue sur la Chartreuse ou Belledonne est quand même bien plus agréable).

Je fais mon point le plus au Sud et entame mon retour. 3h10 de vol. Là j'accélère au 2ème barreau car je suis contré par le vent, même si ça monte souvent. Je relâche l'accélérateur quand j'approche d'un relief qui peut être un peu sous le vent (c'est relatif car mon altitude varie entre 2000 et 2500m sans virage!). Je néglige des thermiques à +2,5 en les découpant en ligne droite car j'ai du gaz : ça me permet d'avancer vite tout en montant. Étonnement, je n'ai presque pas croisé de voiles en Chartreuse alors que les conditions sont bonnes. En revanche, j'ai volé avec une flopée de planeurs, bien utiles pour me montrer au loin les ascendances. Mais bon, on parait vraiment immobile par rapport à eux. Après la Dent de Crolle, je décide de passer par l'Ouest du Granier. J'assure mon plaf à 2800 avant d'arriver au bout du Granier à 2300m. C'est un peu trop juste pour traverser. Je cherche un petit moment le thermique mais les planeurs ne sont plus là pour m'aider. J'ai plus de difficultés à analyser où le thermique doit se trouver. 4h de vol peuvent peut-être expliquer cela. Finalement, je trouve mon sésame et monte à 2650m.

Feu, direction à gauche du signe "=", au Nord de la Savoyarde, qu'on distingue de l'autre côté de la vallée et qui indique à peu près le point d'aboutissement pour pouvoir remonter en thermo-dynamique, en bénéficiant de la brise de Chambéry. Je fais une laisse de chien, d'abord face au vent de NO, alors que mon objectif est NE. Comme à l'aller, ça dégueule bien. Je raccroche la petite crête de Chignin à 1360m. ça tient mais ce n'est pas formidable. Des planeurs sont sur le même crête. Eh, pas touche à mon thermique ;-) Avec leur finesse, ils filent vers le pic de la Sauge en arrivant très bas et remontent sans difficulté. Avec mon planée, ce n'est pas envisageable pour moi. Je reste sur mon petit relief pendant 10'. Je trouve ça long, mais je finis par reprendre 100m, puis 250m dans une bulle tonique. Bon, j'en ai marre car c'est teigneux et pas consistant. Je transite vers le pic de la Sauge car je sais que ça peut remonter, les planeurs me l'ont prouvé, et j'ai cette fois assez de hauteur pour ne pas arriver trop bas. Je tape sur l'arrête rocheuse et remonte facilement à 1850m. Je ne suis pas encore au sommet, mais c'est gagné.

Je continue ma remontée vers le Nord et au Grand Roc, je retrouve un super thermique qui me fait atteindre 2700m. Le voile d'altitude se fait de plus en plus proche. Toujours face au vent météo, j'entame la transition suivante vers le Colombier. Pour la remontée vers le Nord, je fais attention à ne pas être sous le vent du relief, quitte à m'écarter un peu plus vers l'Ouest. Et quand j'ai passé la dernière arrête qui était sous le vent, je peux me remettre au vent en sécurité, en attendant de taper le thermique que j'attends. J'atteins le côté Nord du Colombier à 1850m et bénéficie d'un thermique, poussé par le vent météo et le début de la brise du lac d'Annecy. Ça me fait dériver en SE, mais comme je monte, ce n'est pas grave. Je suis à 2500m. Transition suivante sur le Julioz. Rebelote pour un thermique. Ça sera même mon plaf du jour à 3240m. Étonnant pour ce tout petit relief! autant dire que la transition vers le Roc des Bœufs est une formalité. Je néglige tous les thermiques, même le +2,5 tellement je reste haut. 6h de vol... J'observe le ciel depuis un moment, avec pour objectif d'utiliser une rue de nuage pour atteindre la Tournette en direct. J'en vois une encore un peu devant et plus favorable pour moi par rapport au vent météo.

Effectivement, ça marche bien et la traversée du lac se fait sans soucis. Je snobe les nombreuses voiles de la Forclaz pour taper directement la Tournette à son sommet, vers 2400m! Je remonte à 2600m. Le voile est en train malheureusement de tout passer à l'ombre. Pire, il est de plus en plus épais. Mon projet de taper la Pointe d'Areu au Nord des Aravis ne me semble plus possible. Je me dirige vers le Charvin, avec la montagne de Sulens à atteindre auparavant. J'y arrive à 1900m, mais à l'ombre, j'ai peu d'espoir. Je remarque quelques choucas qui décollent. Faut pas me le dire 2 fois. Je vais un peu dans leur secteur, sans être à proximité cependant, car ils ont un vol quelque peu erratique par rapport à nous. Je reprends 100 dans un petit thermique, qui me fait dériver lentement vers le Charvin. Alors que tout est à l'ombre, je suis surpris de trouver un thermique au Charvin qui me remonte à 2800m! Bon, j'ai du gaz, je fais un aller-retour rapide au col des Aravis et je reviens. Je n'ai perdu que 400m quand je reviens à Charvin. Plus question de prendre de l'altitude : on ne peut pas être sûr de ce qu'il y a au-dessus de ce voile nuageux épais (peut-être maintenant à 6000m d'altitude). Il faut poser. Par sécurité, je choisis un champ à proximité de Faverges, fais des descentes rapides (oreilles accélérées, puis 360). De toute façon, avec la règle des moins de 5% de distance du parcours entre le déco et l'atterro, le triangle est bouclé. Je pose sans encombre. Il restera à partager nos fabuleux vols respectifs avec Olivier et Thomas. Very Happy

Résultat : 172 km en triangle plat, 207 points. 7h25 de vol. Records de distance et de durée évidemment battus. Objectif des 150 bornes, après lesquels je cours secrètement, atteint. Transition de la Savoyarde (et dans les 2 sens!) enfin réalisée! Je suis aux anges. Et rincé! C'était une belle journée Wink

La trace CFD :
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20329094


Je vous avais promis 200 km et vous sentez l'arnaque. Certes ça fait plus de 200 points, mais pas 200 km. "Il est bien gentil avec son voile nuageux qui met tout à l'ombre, La bonne excuse pour justifier que sans lui, il les aurait claqués, les 200". Embarassed

Si vous avez tenu jusque-là, c'est que le récit n'est pas trop ennuyeux à lire et que j'aurai au moins réussi à vous appâter. Après tout, on attrape pas des mouches avec du vinaigre!




Mercredi 03/08/2022


Après une journée de mardi de repos, le mercredi s'annonce encore meilleur. A peu près le même plaf (et même 2 ou 300m de plus), bonne instabilité, vent dans une autre direction cette fois, 10-15 km/h SO.

Je pousse Olivier à prendre la 1ère navette de la Sambuy. Thomas ne peut pas venir. Le timing est serré car il faut aller à Ugine pour qu'Olivier rende sa voiture de loc, et il faut acheter à manger pour le midi. On achète des sandwichs et on arrive juste à temps pour la navette. Pas de bol, c'est la petite navette et elle est déjà pleine. Le chauffeur nous autorise quand même à monter car certains sièges sont pris par des voiles et que le bus n'est pas en surcharge, mais on reste debout tout le trajet. On passe devant l'atterro du Tamié et une quinzaine de parapentistes voient la navette leur passer sous les yeux dans s'arrêter... Dommage pour eux, il faudra qu'ils se débrouillent pour monter par un autre moyen. Je crois qu'on sera au bon endroit pour voler!

Arrivé en haut, je me prépare, mange un bout de casse-dalle, mais à peine le tiers avalé, je n'en peux plus. Le reste sera pour après le vol... On retrouve plein de crosseurs. Cette journée, tout le monde l'a sentie et s'est donné le mot. Justin Puthod nous passe sous le nez. Il vole déjà depuis 1h30 avec sa X-One (il fera 355 bornes). Je décolle beaucoup plus tôt que les autres jours, à 11h. Plein de voiles sont déjà très hautes, et avec Olivier, on se retrouve presque les derniers. On est déjà en retard... Contrairement à lundi, il y aura des voiles en l'air sur tout le parcours, facilitant le balisage de la masse d'air.

Je fais très vite un plaf à la Sambuy à 2400. Je n'attends pas Olivier car il n'a pas beaucoup de pêche aujourd'hui et il faut que je trace si je veux tenir mes objectifs, encore plus élevés que lundi. Suivant le rythme, je verrai si je rajoute des morceaux ou si j'en enlève. Je file vers la Dent de l'Arclusaz. Je l'atteins assez vite, en 40'. Je ne trouve pas de thermique qui puisse me remonter. Les voiles qui étaient arrivées un peu avant moi ont filé vers Le Mont Pelat. Je fais pareil. Mais ça aurait pu me couter mon vol. Je raccroche le relief à 1300m, dans la forêt, un peu trop bas d'un pré pour bénéficier d'un thermique éventuel. Je suis dans la stabilité. Dès que je trouve une bulle, je m'y accroche. Elle est à moi! Au fur et à mesure que je monte, elle devient plus consistante et je finis par l'exploiter jusqu'à 2200m. Ouf, coup de chaud, au sens propre. Je continue mon chemin vers le Pic de la Sauge. A 2500m, j'avance vers Chignin, avec un petit thermique à 2050.

Des voiles devant moi ont déjà commencer leur transition, sans être parti plus haut que moi. ça change de lundi où j'étais tout seul une grande partie du vol. ça plane mieux que lundi et j'arrive en Chartreuse à 1000m, avec des voiles un peu devant pour m'aider à prospecter. Je trouve un thermique à +2,5 que j'exploite mal. Au lieu de me recentrer comme le fait une Delta 4, je le perds. Je continue ma route. Dommage, il aurait dû me mener sur la crête du haut. Je me retrouve donc à avancer sur les avant reliefs, avec une succession de petits thermiques et de petites transition à faire. Je me dis que je suis vraiment bête car ça aurait été beaucoup plus facile et plus rapide en haut. Mais en même temps, avec du vent de SO, on est plus exposé en haut et pas dit qu'on avance vraiment plus vite. Au moins, je ne subirai pas ce vent météo, en restant à l’abri. En plus, je connais déjà le parcours et suis sûr d'arriver au Saint-Eynard. Après ces successions de petites transitions, je passe devant Saint-Hil', puis atteins la combe de Manival. Je monte à 1450 et transite vers le début de la crête de Saint-Eynard. J'arrive un peu bas, mais je sais que ça porte (hé hé, déjà fait plusieurs fois...) et je remonte en thermo-dynamique le long de la falaise, jusqu'à arriver au-dessus de la crête sommitale. Sans un virage... Arrivé à la Bastide, je décide d'allonger mon parcours jusqu'au Rachais, pour arriver au pieds de Grenoble (le crâne de Grenoble serait peut-être plus approprié). Mon point le plus au Sud, atteint après 3h de vol. Je n'ai finalement pas perdu tant de temps que ça.

Retour à la Bastide en quelques minutes. Ce sont des km à pas cher. Là, je trace, au-dessus de la crête de Saint-Eynard, poussé par le SO. Je suis à fond de barreau et ça monte quand même. Je relâche juste quand ça turbule un peu trop. J'arrive à la Dent de Crolle à 1800. Je trouve un thermique très fort. J'ai du mal à l'enrouler tellement il est fort ; j'alterne du +5 dans lequel je butte et n'arrive pas à tourner car la voile est un peu derrière et du 0 quand je sors du noyau. Mais je remonte quand même à 3000! Direction la face Est du Granier, car des voiles y enroulent encore. Je suis perché entre 2800 et 3100. Je vois des voiles monter bien en vallée à l'Est du Granier. Naturellement, je n'y serais pas allé. Mais comme on me balise la masse d'air de façon fort judicieuse, je file vers leur zone, ce qui me remonte de 2600 à 3200m. Bon choix, mais je suis quand même bien décalé par rapport au Granier pour la transition prévue vers le signe "=".

Poussé par le SO, elle va se faire tranquilou, cette transition. C'est ce que je crois car mon Oudie m'indique la TMA de Lyon. Argh, je l'avais oublié celle-là. Je suis tellement haut qu'elle se rappelle à moi! Virage à droite pour contourner la pointe de la TMA vers laquelle je me dirigeais (heureusement, c'était juste un angle de la TMA). Repassé sous le plancher de la TMA, je reprends la direction des Bauges. Une fois cet imprévu passé, je reprends la bonne direction, accéléré à fond, à plus de 70 à l'heure. J'espère qu'il n'y a pas de radar et je n'ai pas pris le temps de payer le péage de l'autoroute! le taux de chute est important, mais avec ma hauteur, ça ne me préoccupe pas du tout. Complètement inhabituel, je pense, comme chemin et absolument différent de la trajectoire que j'avais 2 jours auparavant.

Je raccroche directement le Pic de la Sauge à 1750m. Thermique trouvé tout de suite, je suis à 2200m. Je remonte donc les Bauges serein, poussé par le SO. Quand j'approcherai du lac d'Annecy, si je suis bas, j'aurai alors juste à prévoir mon positionnement par rapport à la brise du lac. A la pointe de la Galopaz, comme d'hab, c'est tonique (il va falloir que je l'apprivoise un jour pour mieux exploiter le potentiel qu'elle propose). A 2700, dès que le thermique faiblit, je continue vers le Nord. Colombier vite avalé, je suis à 2800. Puis le Julioz, à 2550. J'arrive au Sud du Roc des Bœufs à 2150 et quelques minutes plus tard, je suis déjà à 2800m. connaître le parcours, c'est utile!

J'attaque la transition vers les Bornes en direct sur les Dents de Lanfon. Avec ma hauteur, pas de brise du lac. Avec le SO, je vais un peu moins vite : juste plus de 60 à l'heure ;-) Je raccroche à 1500m. ça fait drôle de retrouver du trafic, que je n'avais pas eu dans la remontée des Bauges! A 2400m, je transite vers le Parmelan. Je ne suis pas sûr de la route à choisir après car la masse d'air des Bornes est plus sèche que celle des autres massifs. Je raccroche le Parmelan sans problème (et comme prévu) et le longe de bout en bout sans un virage, car ça monte tout le temps au Parmelan! Arrivé au bout, demi-tour. Je croise quelques voiles avec lesquelles j'enroule pour monter à 2700. J'hésite à aller vers le Nord des Aravis en direct en rejoignant le Lachat de Thones puis le Grand Bornand. Mais je ne vois aucune voile et pas de cums. Je décide donc de retourner vers les Dents de Lanfon même si je vais devoir lutter face au vent et à la brise.  Le détour est important, mais je préfère jouer la sécurité pour maximiser mes chances de boucler. Déjà 6h de vol. J'ai un peu envie de pisser, mais je sens que ça va le faire jusqu'à la fin du vol. Le corollaire, est que j'ai mal à la tête. Je bois quelques gorgées régulièrement, mais je sens quand même que je me déshydrate. Je décide de boire un peu plus pour la limiter.

Je pars à presque 2500m du Parmelan. Et finalement, je raccroche à 1800m, donc plutôt confortable. Je remonte à 2300m, transite sur le Lanfonnet puis la Tournette. Je pars à 2650 et les Aravis sont toujours allumés. Si je ne merde pas, ça doit le faire. J'atteins la montagne de Sulens à 2200 et je remonte dans un petit thermique à 2600. Cette fois, pas besoin d'attaquer le Charvin, ni même les 3 Aiguilles, je vais directement sur L'Etale, plus au Nord de la chaîne des Aravis. Une formalité. Puis le Merdassier, juste avant le col des Aravis, que j'attaque à 3000m. Je passe le col sans difficulté. Ensuite, je ne me positionne pas bien sur la crête et je perds du gaz bêtement (la fatigue, surement). J'ai aussi plus de mal à trouver les thermiques. Et pour cause, mon positionnement n'est pas très bon. J'atteins quand même la Pointe Percée à presque 3000. Je continue car il y a encore de la convection. Je vais jusqu'à la Pointe d'Areu, mon point le plus au Nord. Un peu plus de 7h de vol.

Et j'entame ma redescente de la chaîne des Aravis. Je me prends une frontale un peu sous le vent d'un thermique. Eh oui, je suis plutôt vent de face maintenant. Et quand je vous dis que je suis un peu fatigué, vous n'êtes pas surpris. Sur le retour, je suis un peu mieux positionné sur la crête sommitale, ce qui fait que je croise plus facilement les thermiques dont j'ai besoin pour boucler. Certains peuvent être encore toniques. Je repasse la Pointe Percée, le Mont Charvet, le Mont Fleuri, avec de temps en temps un thermique qui me remonte à 3000. Le col des Aravis s'avance. Je suis à 2700. Je veux prendre un thermique avant de le traverser, car il m'est déjà arrivé de poser un peu après le col, contré par la brise. Je ne fais pas les choses à moitié, puisque je fais le plafond du jour à 3500m! Dans ces conditions, le col, heu, il y a un col à passer ? Je me dis que je ne suis pas loin de l'atterro en finesse et néglige un peu quelques thermiques. Résultat, j'arrive un peu sous le vent du Charvin à 2200 et une arrête à passer. Pff, j'aurai dû assurer. Surtout que l'arrête en question est exposée Nord... Finalement, je trouve une bulle qui me permet de passer cette arrête et de me placer côté soleil (dans le pire des cas, j'aurais fait demi-tour pour remonter).

A 2600 au Charvin, je commence ma transition vers la Dent de Cons. J'ai perdu pas mal de gaz avant d'en finir avec les reliefs des Aravis, mais à 2100 et à quelques km de l'atterro, je sais que c'est gagné. S'il le faut, je pourrai toujours me mettre en appui dynamique sur la Dent de Cons. Mais je n'en ai pas besoin et je passe même loin du relief pour consommer mon altitude sans effort. Je relâche la tension et savoure mon dernier glide. Quel plaisir avec la lumière qui décline, je plane, au sens propre et au figuré. J'appelle Olivier pour qu'il vienne me chercher à l'atterro (je ne me sens pas capable de marcher 40' jusqu'au gîte). J'espère qu'on ne risque pas de contravention pour téléphone aux commandes. Il me dit qu'il ne m’entend pas bien et qu'il y a du vent. Tu m'étonnes ;-) Je me détends les jambes, les mains, les poignets (c'est fou comme tenir les arrières pendant des heures provoque des douleurs à force de tensions, même si j'ai moins de douleurs que lundi, c'est plus de l'ordre de la gêne et de la fatigue), en prévision de l'atterro. J'ouvre en grand polaires et coupe-vent, car en se perdant de l'altitude, il fait de plus en plus chaud. Je me rapproche au plus du relief de la Sambuy, puis oblique vers l'atterro. Je distingue ma voiture, et bien sûr Olivier, avec son T-shirt rouge. Je me mets face au vent pour gentiment perdre mon altitude avec des petits 3-6 (oh pas du -10 ou -20 m/s, trop fatigué pour ça). Il me reste un brin de lucidité pour constater que je suis face au vent, mais que la manche à air indique le sens opposé. Il y a donc du catabatique en bas. J'adapte ma prise de terrain en conséquence et finit par un flair et une remontée de quelques mètre (de mon point de vue, j'ai l'impression 5m, mais c'est peut-être plus impressionnant quand on est fatigué que ça en a réellement l'air vu du sol...). Posé en douceur, mes jambes me portent encore. Je tends les bras en V, comme si j'avais gagné quelque chose. J'ai juste gagné la satisfaction de l'aboutissement d'un vol que j'avais planifié la veille et le matin avec les prévis météo et FlyXP.

J'étais rincé lundi. Je le suis encore plus. Mais ça ne fait rien, je suis heureux de mon vol. Very Happy Je suis passé par tellement d'émotions, entre les doutes lors des points bas, l'euphorie lors des points hauts ou des raccroches difficiles réussies, la colère envers moi-même après une erreur de choix, le stress quand c'était très tonique. Bref, il faut les moduler pour pourvoir rester lucide et prendre les bonnes décisions, ou s'adapter quand on en a pris une mauvaise. Le cross, c'est vraiment tout une aventure à vivre. Pas le temps d'écrire en vol en fait, car on ne voit pas le temps passer. Si c'est dur, l'esprit est occupé à piloter. C'est facile, on passe en pilotage automatique pour se concentrer sur l'analyse (évolutions des conditions météo, aérologiques, des voiles, planeurs, oiseaux ou autres indices autour de nous), pour suivre la stratégie de vol, adapter le parcours. Bref, on est tout le temps actif.

Finalement, pour ce vol, je pose un peu avant 20h, soit après 8h43 de vol. Record de durée explosé, que j'avais déjà explosé 2 jours avant. Distance totale de 223,5 km, soit 268 points en triangle plat (26 km/h de moyenne). Record de km et de points explosés. Les 200 km étaient dans un coin de ma tête, mais sans certitude que j'arriverais à voler si longtemps et à rester assez performant, dans des conditions aérologiques qui étaient loin d'être calmes. 4 massifs traversés : Bauges, Chartreuse, Bornes, Aravis. Bon, histoire de remettre les pieds sur terre et de ne pas me prendre pour meilleur que je ne suis, le même jour, Edouard Potel a fait un FAI de 348 km (487 points) et Damien Lacaze, qui n'avait que 2 vols déclarés à la CFD cette année a fait un FAI de 454 points, pour monter sur le podium de la CFD. Oui, bon, aucun mérite, ils ont volé presque 12h, en Enzo 3, avec des plafs à 4000 dans les Alpes du Sud (et c'est bien connu que l'aérologie y est toute douce en cette période...). Alors je ne vois pas où est leur exploit. Alors que moi! Quoi, je ne suis champion du monde que de mon quartier, ou que de ma rue ? Bon, je retourne travailler, alors.

La trace CFD :
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20329421


Il n'y avait donc pas d'arnaque dans le titre! Wink

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Cyril

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guillaume008

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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyMar 9 Aoû 2022 - 11:47

Très beau récit, c’est très impressionnant, bravo !!!
ca me donne envie de progresser...
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Alex

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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyVen 12 Aoû 2022 - 0:04

Enorme !
Félicitations pour ces vols de fou et merci pour les récits.


J'espère que ça va motiver d'autres pilotes, qui ont également fait des bornes, à raconter.


A bientôt
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Cyril49

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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyVen 12 Aoû 2022 - 20:54

Merci!

Vu comment j'étais une chèvre lors de mes 1ères années, tous les espoirs sont permis pour tout le monde!

Il faut juste construire sa progression, ne pas aller plus vite que la musique, continuer à se former, à apprendre (il y a tellement de choses à apprendre, en météo, aérologie, mécanique de vol, pilotage, règlementation, ...). Éviter de se faire peur pour ne pas régresser fortement (la régression peut aller tellement plus vite que la progression...). Le parapente est un sport à maturation lente (sauf pour quelques exceptions). Ne pas négliger l'aspect mental, quelque soit le niveau. Et prendre du plaisir à voler bien sûr Wink

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Cyril

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Tiphaine

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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyLun 15 Aoû 2022 - 22:12

Encore bravo ! Ça donne envie même si je ne comprends toujours pas comment on reste 8h43 sous une aile sans mourir d'inanition ! Smile
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Alex

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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyLun 15 Aoû 2022 - 22:17

Et sans se pisser dessus   Laughing

CharlesD et Tiphaine aiment ce message

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Tiphaine

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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyLun 15 Aoû 2022 - 22:20

Hahaha oui. Pour ça vous êtes mieux équipés que nous... entre ça et la sangle de poitrine mal placée, on n'est pas aidées !

Cyril a avoué qu'il testait la technique du dromadaire entre 2 oasis mais ça se solde par des beaux maux de tête le lendemain...
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Cyril49

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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 22:11

A vrai dire, j'ai eu un peu la sensation de faim lors du vol, vers 6h de vol, mais c'était largement supportable. Alors que la soif, c'est plus compliqué à gérer. Il faut boire, mais si on le fait trop on a envie de pisser et on ne pense qu'à ça et ça nous pose! Et si on boit trop peu, ça nuit à la performance car on réfléchit moins bien et donc on vole moins bien. C'est un juste équilibre à trouver... Et avec la déshydratation, j'ai eu, c'est vrai, un bon mal de crâne en fin de vol et jusqu'au lendemain. Et pourtant, une fois posé, j'ai bu, j'ai bu! Au moins 2l d'eau jusqu'au soir (donc sans compter ce que j'avais bu le matin et avant le vol, et sans compter les 2 bières après le vol, mais ça, je ne suis pas sûr que ça compte vraiment, car l'alcool a aussi un effet de déshydratation)! Comme pour éviter la cuite, il faut boire de l'eau régulièrement Wink

Je ne crois pas que la technique du dromadaire ait un grand avenir si je veux voler plus longtemps. Il va falloir que je me mette au penilex... Bon, c'est pas dit que j'arrive à uriner avec, entre le frein mental et la crainte de l'avoir mal fixé... C'est vrai qu'on est un peu favorisé. Pour les filles, il n'y a que les couches, je pense.

Pour la sangle poitrine, il faut que tu attendes tes 70 piges pour que ça soit pratique! Laughing
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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyMar 16 Aoû 2022 - 22:28

Hahaha oui les 70 ans, j'avais pas pensé à ça... je vais être obligée de continuer longtemps alors!
Je ne sais pas si des filles ont déjà essayé l'urinocol... C'est un systeme de recueil pour les enfants mais bon ça peut peut-être marcher, surtout que l'étape couche va être dur à passer !
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CharlesD

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MessageSujet: Re: Barre des 200   Barre des 200 EmptyMar 23 Aoû 2022 - 9:28

Bravo Cyril !!!
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