Charcé – 07/05/2022 –probablement environ 1h et 13 km.
Le temps est couvert mais plutôt doux. Je m’apprête à décoller mais Dom parti avant en biplace descend aux oreilles. On attend de savoir pourquoi pour m’éviter des conditions trop fortes en l’air, un front de nuages arrivant en face. Finalement, il s’agit d’une passagère à l’estomac fragile et je décolle donc.
Grace aux indications des précédents pilotes, et notamment de Bertrand, je me dirige après largage vers un pâté de maisons, qui s’avère être un très bon thermique. Je me retrouve à une altitude conséquente et me décale vers le décollage en ayant atteint une bonne altitude. Je retrouve un deuxième thermique, que j’essaye d’enrouler ; pas de vario donc c’est un peu au feeling et j’en ressors une fois ou deux mais ça semble monter quand même. Finalement assez haute dans le ciel, j’entends Dom me dire « Vis ta vie, on viendra te chercher à l’atterro. ». Je pars alors, vers l’Est.
J’aperçois une forêt au loin, la Loire un peu sur la gauche, et très loin la centrale de Chinon. Alors que je suis en perte d’altitude je me sens tirée un peu par ma sellette – nouveau thermique – que j’enroule autant que possible. La vague de nuages commence à me rattraper et je me retrouve par moment à l’ombre. Je retrouve quelques thermiques par ci par là et j’arrive finalement face à une grande forêt que j’avais aperçue au début. Je décide de ne pas la franchir pour m’éviter un atterrissage dans les arbres faute de hauteur. Il y a une carrière de sable à côté mais ne sachant si je vais être coincée par des barrières ou agressée par un chien de garde, j’opte pour le champ à côté. C’est de la terre non cultivée et j’atterris face au vent, tranquille, je suis super contente et je n’en reviens pas !
Je mettrai plusieurs heures à réaliser que j’ai fait plus de 10 km. N’ayant prévu ni téléphone, ni sac pour ranger ma voile, je me retrouve après une courte pause à être prise en stop par un jeune sympa avec un utilitaire qui trouve beaucoup plus drôle de ramener une parapentiste, que la baguette de pain qu’il était parti acheter.
Samoëns – 12/06/2022 – 1h32 – 10 km
Stage à Samoëns, à un an de mes débuts sous une voile, avec un temps incroyable. Il a neigé 3 nuits auparavant et les sommets sont blancs. A J3 du stage perfectionnement, qui s’est transformé en stage thermique/ premiers cross, on attaque le Criou. Le groupe est surexcité ; on est 7 jeunes parapentistes avec peu ou pas d'expérience en dehors de ploufs en montagne.
La route est défoncée et la voiture nous dépose aussi près que possible sans crever un pneu. La marche d’approche est rude. Il est 15h, il fait 30 degrés, ça cogne. On arrive à la Bourgeoise, essoufflés mais hyper motivés ; chacun commence à déplier consciencieusement sa voile. La vue est magnifique, avec le Criou et les montagnes enneigées derrière la réserve de Sixt à gauche, le déco de Samoëns 1600 en face, le Giffre qui coule en bas de la vallée. Le moniteur part devant et commence à zéroter sur une crête pour nous attendre. Le premier élève rate deux gonflages face voile. C’est le meilleur en gonflage ; je commence à appréhender un peu. Finalement, il décolle et je suis la deuxième prête à partir.
Je fais un dos voile, la brise de vallée s’étant calmée avec les quelques nuages qui sont apparus. On décolle un à un et le moniteur commence la traversée de la vallée. Il faut contourner un petit relief puis se diriger vers le Criou. Je le suis et me fais rapidement dépasser par une partie du groupe. Ma petite Koyot 2 est lente, et j’arrive assez bas sur le Criou. Heureusement, la brise de vallée est bien installée et j’arrive à remonter petit à petit en soaring, puis grâce à deux thermiques successifs. Au début seuls sur le Criou, nous sommes peu à peu rejoins par d'autres ailes, qui sont venus voyant que ça tenait bien.
Un des élèves n’a pas atteint le Criou mais on est encore 6 à tenir et à être assez haut pour rejoindre le fond de vallée, la dent de Verreux. Nouvelle traversée, longue mais plus près des sapins, ça tient un peu. On arrive à la dent de Verreux. La vue est magnifique mais les nuages sont de plus en plus denses. Finalement, certains trop bas vont se poser, et on est plus que 3 en l’air. Une grosse masse de nuages vient nous recouvrir. J’essaye de m’accrocher mais c’est tout plat, et je ne fais finalement plus que descendre. On rejoint tous l’atterro de secours, un petit chemin entre les champs couverts de bottes de pailles. Je suis rincée. 1h32. Fin du game. C’était incroyable.
Saint Sulpice 02/07/22 – 1h15 – 12 km
Journée treuillée au départ de Blaison - Saint Sulpice. Il fait très chaud et le vent est plutôt Ouest – Sud Ouest. Le décollage se passe bien, la treuillée m’amène haut avec plusieurs passages thermiques et je suis larguée à un peu plus de 500 mètres d’altitude. Je retourne au dernier thermique ressenti, près des arbres. Le thermique est super, ça monte bien et j’enroule jusqu’à 850 mètres. J’ai envie de me rapprocher de La Loire, parce que j’adore la vue et qu’il y a des kayaks arrêtés sur un blanc de sable ; j’ai envie de leur faire coucou d’en haut. Deuxième thermique et là aussi ça monte bien. Je me retrouve à plus de 1200 mètres d’altitude. C’est la première fois que je suis aussi haute sur La Loire, je préviens les autres que j’ai dépassé les 1000 mètres. Ils ont l’habitude d’être bien plus hauts, ça doit les faire bien rire mais je suis hyper contente. Je reprends un thermique. J’enroule en sens horaire quand tout à coup, je me sens tomber vers la gauche. C’est comme si j’avais raté le trottoir… en marchant sur les fesses certes. J’entends puis je vois mon aile partiellement fermée à gauche. C’est la première fois que ça m’arrive. Je fais un contre-sellette à droite en tirant d’un coup sec sur ma commande gauche pour rouvrir l’aile. A la fois un peu étonnée mais surtout soulagée de voir que ça fonctionne, je préviens une fois encore à la radio « La vache ! J’ai pris une fermeture asymétrique ! ». 2 réponses assez différentes… Cyril : « Ok, tout va bien, continue ton vol tranquille. ». Dom : « Ok cool. Retournes y si ça monte bien ! ». Bon, j’ai quand même eu les chocottes et j’ai surtout super envie de traverser la Loire pour la première fois. Je regarde mon vario – plus de 1000 mètres et je suis dans une zone où la Loire est peu large… Allez on y va ! Je traverse, au-dessus des kayaks. J’oublie de leur faire coucou parce que je suis entre l’extase et la sidération ; c’est beau, c’est grand, c’est dingue ; d’être au-dessus de l’eau. De l’autre côté, c’est surtout des champs et des petites fermes et je ne suis plus qu’à 600 mètres d’altitude. Je cherche des serres ou des toits en tôle pour retrouver un thermique. Je retrouve des petites choses, 750 mètres d’altitude, je repars plus loin et je zérote sur des petits thermiques sans vraiment reprendre de l’altitude. Saint Maturin est sur ma droite donc à éviter pour pouvoir atterrir ; je vais suivre les champs. Je distingue un château au loin, à gauche d’un autre village (qui s’avèrera être Mazé !) avec un parc superbe et tout dégagé… ça donne envie d’y atterrir. La petite trajectoire dans sa direction me fait perdre encore de l’altitude… 300 m…. 250 m… ça va être chaud ! Finalement, je retrouve un thermique qui me permet de remonter à 500 mètres. Il est décidément loin ce château… j’ai décollé après midi sans avoir mangé, il fait chaud et je n’ai pas prévu d’eau. La fatigue me gagne et je sens qu’il est plus sage d’atterrir en sécurité. Un champ de blé avec la trace d’un tracteur… Pas trop de dégâts en visant la trace et aucun agriculteur qui m’attend avec un fusil… Plus qu’à replier et trouver une maison où on me donnera gentiment une bouteille d’eau qui me permet de me réhydrater pendant l’heure de stop qu’il me reste avant de regagner le décollage. Nous sommes le 2 juillet 2022, c’est mon 89
ème vol et pas le dernier !
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A force de faire du thermique, tu vas automatiser ton pilotage et libérer du cerveau disponible (comme dirait l'autre à propos de la pub) pour développer ton analyse et ta stratégie de vol pour tes cross. Tu seras moins fatiguée, tu voleras plus longtemps et tu iras encore plus loin!